Zéro net – une opportunité pour l’économie


Après cinq événements en Suisse alémanique, qui ont rencontré un franc succès, nous avons franchi le pas en organisant un événement en Suisse romande : avec Rami Habib (Salesforce), Anne-Sophie Dunand-Blaesi (Aprotec SA), Christian Petit (Romande Energie) et Saskia Günter (Swisscom), nous avons examiné les différentes visions des CEO concernant les opportunités et les défis rencontrés pour aller vers zéro net. Après un exposé introductif de Philippe Thalmann (EPFL), la priorité a été donnée aux échanges d’expérience.
Community Insight
de CEO4Climate
avril 23, 2024

Community Insights des échanges d’expérience CEO4Climate

Le 26 mars à Lausanne, des dirigeantes et dirigeants de grandes entreprises de Suisse romande ont échangé leurs points de vue sur les défis et les opportunités rencontrés par la direction des entreprises pour atteindre leurs objectifs zéro net.

Vous trouverez d’autres photos à la fin de cet article.

Anne-Sophie Dunand-Blaesi

Directrice générale Aprotec SA

Saskia Günther

Head of Sustainability Swisscom

Rami Habib

General Manager Salesforce

Christian Petit

CEO Romande Energie

Philippe Thalmann

Associate Professor EPFL

Marcel Winter

Country Manager AFRY Suisse

Key Community Insights

  • L’économie suisse a pris des mesures importantes pour aller vers zéro net, mais celles-ci ne sont pas encore à la hauteur de l’objectif zéro net d’ici 2050.
  • L’engagement personnel croissant des CEO est très satisfaisant. Ancrer la protection du climat dans son intégralité dans l’organisation est essentiel. La direction de l’entreprise et le conseil d’administration ont un rôle important à jouer en la matière. Il importe aussi que les collaboratrices et collaborateurs soient suffisamment sensibilisés aux changements nécessaires au sein de l’entreprise et y soient rapidement associés. C’est la seule façon pour les entreprises d’atteindre efficacement leurs objectifs zéro net.
  • Un modèle économique climat compatible est un investissement pour l’avenir. Les opportunités pour l’entreprise n’apparaissent souvent qu’à moyen ou long terme. Les engagements d’aujourd’hui assurent cependant la valeur de l’entreprise de demain.
  • La volonté des entreprises est là d’assumer la responsabilité de leurs propres émissions (scope 1 et scope 2) mais également de celles de leur chaîne d’approvisionnement (scope 3).

Quels sont les avantages pour les entreprises qui adoptent un positionnement climat compatible ?

Les études montrent que les entreprises qui ont un rôle de précurseur dans la protection du climat en tirent des avantages en termes de compétitivité de même qu’une meilleure fidélisation des collaboratrices et collaborateurs, des avantages sur le marché du personnel qualifié, un accroissement de leur chiffre d’affaires, en parallèle une réduction des coûts et des émissions de CO2, une diminution des risques réglementaires, des financements plus avantageux de leurs investissements et un accroissement de la valeur d’entreprise.

Community Insights

  • Les gains financiers dépendent fortement de la configuration du prix du CO2 et ne se matérialiseront peut-être que dans le futur. Les participantes et participants apparaissent convaincus qu’une activité économique climat compatible sera de plus en plus payante.
  • Certaines banques prennent d’ores et déjà en compte de manière ciblée les risques climatiques de leurs clients entreprises – nous pensons que ces pratiques vont s’étendre.
  • L’un des principaux défis dans la mise en œuvre des mesures de réduction des émissions est le fait que les low hanging fruits ont déjà été cueillis et que l’on doit désormais mettre en œuvre des mesures dont le coût est plus important.
  • Pour réaliser une décarbonation complète, les entreprises ont besoin de conditions-cadre claires qui assurent la sécurité des investissements.
  • Une stratégie de développement durable convaincante contribue à l’attractivité de l’employeur, notamment auprès du personnel hautement qualifié ; le recrutement et la fidélisation des collaboratrices et collaborateurs s’en trouvent facilités.
  • Pour la direction d’une entreprise, la protection du climat est un investissement dans l’avenir qui devrait cependant être réalisé le plus tôt possible. Il importe en particulier d’analyser clairement et de manière approfondie les risques climatiques afin de prendre les bonnes décisions stratégiques.

Le rôle du CEO et du conseil d’administration dans la protection du climat

Les participantes et participants sont préoccupés par la question des moyens permettant aux CEO de faire avancer au mieux la mise en œuvre d’objectifs climatiques ambitieux. Quels sont les leviers dont disposent une dirigeante/un dirigeant et le conseil d’administration ? Comment convaincre les collaboratrices et collaborateurs et avoir le soutien du management ?

Community Insights

  • Une activité économique climat compatible implique souvent des modifications profondes du modèle économique (par exemple : économie circulaire ou sortie des énergies fossiles) qui nécessitent le soutien du conseil d’administration.
  • Il est essentiel que le conseil d’administration soit formé aux questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Ce n’est qu’ainsi qu’ils pourront évaluer de manière avisée sur le plan stratégique l’orientation vers la durabilité et en particulier les risques de l’inaction (atteinte à la réputation, pénalités financières, interruptions dans la chaîne d’approvisionnement ou perte de parts de marché). Pour ancrer une stratégie de développement durable, il est bon de nommer au sein du conseil d’administration des personnes ayant une expertise dans ce domaine.
  • Communiquer vis-à-vis des groupes d’actionnaires sur les avantages des modèles économiques durables en tenant compte des intérêts des parties prenantes est essentiel. Pour les Family Offices, la valeur de la stabilité et de la réputation à long terme est souvent plus importante que pour les fonds d’investissement qui se focalisent plutôt sur les rendements à court terme.
  • Les objectifs de durabilité doivent être intégrés dans les structures d’incitation et donc être « non négociables ». Cela favorise la responsabilité et garantit qu’au plus haut niveau de l’entreprise la priorité sera donnée à la durabilité.
  • Au niveau interne également, la gouvernance et la mobilisation des équipes autour des questions de durabilité sont essentielles (communication, formation, changement de culture, budgétisation et incitations pour des objectifs de durabilité). Il est recommandé d’intégrer des critères de durabilité dans tous les process et toutes les fonctions.
  • La formation d’ambassadrices et ambassadeurs de la durabilité peut aider à ancrer le développement durable dans l’entreprise.
  • Un positionnement général axé sur la durabilité doit aussi être pris en compte lors du recrutement. Parallèlement, on constate qu’une direction d’entreprise durable peut aussi être un avantage dans le recrutement.

Les défis de la direction d’entreprise climat compatible

Les stratégies de développement durable comportent des obstacles. Quels sont les principaux défis auxquels les dirigeantes et dirigeants sont confrontés et quelles sont les solutions qui ont fait leurs preuves ?

Community Insights

  • Le principal défi pour une direction d’entreprise climat compatible réside dans le fait que les clients sélectionnent toujours d’abord l’offre la moins chère. Il est souvent difficile de faire comprendre qu’une offre plus chère à court terme pourra générer des avantages (en termes de coûts) à long terme – si l’on tient compte du Total Cost of Ownership (coût du capital incluant les coûts d’exploitation), des gains de réputation à long terme ou de la minimisation des risques d’entreprise.
  • Cela vaut la peine d’investir dans les relations clients. Il est recommandé de communiquer en détail sur la valeur des produits et des services, en particulier sur les avantages en termes de coûts à long terme et sur les co-bénéfices (effets secondaires positifs des stratégies de protection du climat, qui constituent un bénéfice supplémentaire pour les clients).
  • La promotion des produits durables est soumise à une surveillance particulière ; les accusations de greenwashing se sont multipliées ces derniers temps – elles ne doivent pas dissuader les CEO de mettre en œuvre des mesures de réduction du CO2 et de communiquer à ce sujet. Il faut en revanche minimiser ce risque.
  • Le meilleur moyen de minimiser le risque est de rester cohérent (« croire à ce que l’on fait, faire ce que l’on croit »). Il faut donc une vision à long terme et globale du produit ou du service : de la vision à la mise en œuvre opérationnelle des processus en passant par le modèle économique.